24 avril 2017

24-04-17 Macron et les bisounours (Hors-série #4)


En ce lendemain de premier tour, je ne pouvais résister à mettre en boîte cette petite vidéo...
Bon, j'ai déjà perdu une audience potentielle avec les fillonistes que je me suis mis a dos lors de ma
dernière vidéo sur les primaires de la droite, et là je m'apprête à en perdre davantage encore, surtout quand on connaît maintenant le nombre conséquent de gens qui veulent Macron comme président.
Mais bon, je suis libre de dire ce que je veux, et tant que je le peux encore, je vais pas me priver de le faire.

J'entends déjà, de là où je suis, les critiques qui fusent à l'encontre des malheureux votants qui sont allés placer leur bulletin dans l'urne en faveur de Hamon ou Mélenchon.
"Hein mais l'autre là, il a rien compris. Entre Poutine et Trump, avec la chine dans le game, tu crois vraiment qu'on fera le point avec Hamon ou Melenchon? T'as cru qu'on était au pays des bisounours ou quoi!"
Les bisounours... Oui, mais alors voilà, il me vient l'envie de revenir tranquillement sur le bonhomme Macron et toute la galaxie qui tourne autour de lui.
Bisounours.
Voilà le programme qu'on a tous, normalement, reçu dans notre boîte aux lettres et qui, supposément, doit pouvoir nous aider à choisir quel candidat se rapproche le plus de notre vision du pays et de l'avenir. Prenons donc ce programme et regardons ensemble ce qu'est voter pour Emmanuel Macron.

D'abord, et il est important de commencer ici: le programme propose une "baisse de 60 milliards d'euros de dépenses publiques".
OK. Bisounours? On continue:
-suppression des cotisations salariales (rapprocher le net du brut)
-suppression de la taxe habitation pour 80% des français (tiens , d'ailleurs, aux passages, on se demande encore qui sont les 20 pour cent restant, mais ça c'est encore une autre histoire)
-investissement de 50 milliards d'euros pour la formation des chômeurs, la transition écologique, la rénovation urbaine.
-10.000 policiers et gendarmes supplémentaires
-service national universel obligatoire de 1 mois (et tout ce que ça va coûter comme frais de prise en charge)
-une zone euro avec un budget commun pour investir
-5.000 garde-frontières supplémentaires
-généralisation d'Erasmus! (200.000 jeunes à envoyer partout dans l'union européenne)
-investissement massif et réorganisation de l'hôpital
-doublement du nombre de maison de santé
-une auxiliaire pour chaque enfant en situation d'handicap
-etc, etc etc... et j'en passe, tout plus discutable les unes que les autres.
Alors, certes, les intentions sont tout a fait louables, bien entendu, mais alors là, est-ce que quelqu'un peut m'expliquer comment on peut faire autant d'investissement substantiel tout en faisant 60 milliards d'économie dans les dépenses publiques. JE sais pas pour vous, mais moi, la calculatrice elle a fondu.

Bon, vous voyez que le pays des bisounours n'est pas du tout à l'endroit où les macronistes bien tentés veulent nous le faire croire.
Voilà un candidat qui se proclame du renouvellement, et qu'est ce qu'on voit depuis la nuit du premier tour: un défilez de tête bien connu, des lascards de la politique. Bayrou, Cohn-bendit, Lepage, Gerard Collomb, Delanoé et j'en passe. C'est ça, l'esprit du renouveau?
Et Bayrou, sérieux, c'est pas un bisounours ça?

Bon, vous l'aurez compris, j'ai beaucoup de problèmes avec ce lendemain de premier tour. J'ai très peur qu'avec Macron, on assiste à l’avènement d'une ère ultra-libéraliste, dans la "droite" continuité du quinquennat de Hollande (dont il a été deux ans ministres et deux ans secrétaires d'état, ce qui peut laisser songeur sur cette idée de renouvellement vous en conviendrez) avec cet esprit anglo-saxon très communautariste: prenez son discours de Marseille. Voilà une vision quand même, somme toute très communautariste sous couvert de république.
Bisounours? Vous avez dit Bisounours?

Et puis, vous avez vu la Brigitte? Superbement à l'aise lorsqu'il s'agit de rejoindre ses amis peoples dans une brasserie chic parisienne pour fêter la victoire du premier tour comme si il n'y aurait, de toute façon, aucune chance que le second tour viennent perturber leur marche vers l’Élysée. Tu les sens les cocktails mondains et les soirées chics à l’Élysée? Tu la sens, quand tu la vois, la Brigitte, les économies dans les dépenses publiques?

C'est dommage, et horrifiant de se rendre compte que, pour une fois, on tenait la une chance de changer la donne, de faire ce que tout le monde n'arrête pas de crier à coup de micro-trottoir dans les journaux télévisés où en dégueulant leur bile anonyme sur internet, à savoir virer tout ces parvenus de la république et inviter les citoyens à entrer en force dans le jeu de la constitution, en réécrire les règles. Mais non, le peuple à parlé: ce sera donc Macron.
Quand tu fais le ce dernier calcul, et que tu additionnes d'un côté LEPEN+FILLON+MACRON et qu'en face t'additionnes les scores de HAMON et MELENCHON, ben ça fout un peu les boules, quand même. Tu sens que le pays n'est pas exactement dans la tolérance et l'ouverture, le progressisme.

Quand au macroniste pas tenté et qui veut tout faire ou dire pour convaincre du moins pire, je soupçonne une pointe de nihilisme dans l'argument. Comment peut on voter moins pire sans être nihiliste?

Au pays des bisounours, on prépare déjà les législatives en parlant de "cogestion" avec les républicains. Voilà ce qui nous attend: un peu du pire de la gauche et beaucoup du pire de la droite.
Au pays des bisounours, tranquillement, on rêve déjà du pays de Candy.