02 décembre 2016

01-10-16 Train to Busan


Ça faisait longtemps que j'avais pas mis les pieds au cinéma, et vu l'ambiance pesante entre les lumières de téléphone et les ricaneries incessantes à voix haute ça m'avait pas trop manqué. Mais je n'en veux pas
vraiment à ces pauvres esprits qui manquent clairement de culture et d'éducation pour apprécier la puissance d'un tel film.
Train to Busan rejoue une fois encore le drame indélébile de l'histoire Sud Coréenne.
A deux reprises, emblématiques (début et fin), le public a rit en criant d'abord "ah! Un zombi biche, c'est débile!" puis ensuite "ah! Un zombie qui pleure, c'est débile."
La tristesse, c'est qu'ils ne se rendront jamais compte de la stupidité de telles remarques, surtout issues de spectateurs à 99% biberonnés par les productions Marvel estampillées Disney.
La biche zombie, c'est un référence directe à Disney justement, dont la dépouille est brandie comme un étendard à la tête d'un empire qui n'a jamais été aussi grand, un consortium médiatique inhumain et implacable.
Le zombi qui pleurt, c'est toi pauvre spectateur impuissant, zombifié dans la masses et qui se souvient d'un temps où les images faisaient encore sens, où le spectacle était issue d'un processus naturel et non d'un computer.
Train to Busan est un film dense et hyper efficace, à l'image de The Host avant lui, assimilant le style américain contemporain dans son propos. Il en formule la critique (esthétique du vidéo game amorcé au travers d'un gag pince sans rire sur la wii) mais le transcende aussi: rien n'est a jeter, tout est ultra millimétré. L'action est fantastique, la mise en scène incroyable. Le rythme est fou. C'est un film comme on en fait plus. C'est du cinéma d'avant l'ultra libéralisme. Pour paraphraser le film, c'est pas du cinéma de "boursicoteurs". C'est à rebours de tout ce qui se fait dans le cinéma mainstream américain où tout n'est plus que contemplation d'effets numériques sans incidences sur le récit. Vous pouvez regarder le Civil War de Marvel en retirant toutes les scènes d'action du film, vous comprendrez quand même ce qui se passe. Ici, au contraire, l'action est organique, vitale.
J'avais prévenue ma chérie que le film s'apparenterait sans doute plus à un film d'action qu'à un film d'horreur. C'était bien le cas. Elle en est ressortie bouleversée par le final. Elle a prit de plein fouet l'empathie propre au peuple d'Asie et qui nous fait cruellement défaut. Elle a ressentie dans la chair le drame cruel de perdre ceux qu'on aime. Elle a partagé, ne serait-ce qu'un peu la peine d'un peuple qui a vécue une tragédie historique et qui ne cesse de la rejouer à travers son Cinéma. Comme un rempart contre l'individualisme qui menace à mesure que l'impérialisme prospère. un dernier rempart contre l'oublie.
Pour ça, et malgré le niveau pathétique de certains spectateurs, je suis quand même heureux d'être retourné au cinéma.


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Train to Busan (Busanhaeng): IMDB
Date de sortie: 17 août 2016 (1h 58min)

Avec Gong Yoo, Yumi Jung, Dong-seok Ma
Synopsis et détails:
Interdit aux moins de 12 ans
Un virus inconnu se répand en Corée du Sud, l'état d'urgence est décrété. Les passagers du train KTX se livrent à une lutte sans merci afin de survivre jusqu'à Busan, l'unique ville où ils seront en sécurité...